mardi 20 août 2013

Et ce matin...


Nouvelle fournée de créations passionnantes à Huy. Parmi elles, « yosh » du Théâtre de l’E.V.N.I fait le buzz avec de la danse contemporaine d’une délicatesse folle.

Il y a les compagnies qui, à force de traquer l’audace, en oublient les enfants en chemin. Des spectacles dont les efforts d’originalité sont tellement apparents qu’ils nous laissent froids. Et puis, il y a les artistes qui osent simplement rester fidèles à leur univers singulier, qui font toute confiance à leur personnalité, à leur instinct. Bien souvent, c’est sur cette authenticité que finit par trébucher l’audace.
Cas d’école en matière de génie naturel, yosh (dès 8 ans) du Théâtre de l’E.V.N.I est la perle indépassable de cette première moitié des Rencontres. Fujio Ishimaru, entouré de Colin Jolet et Elsa Debefve, déploie une danse d’une délicatesse folle, qui semble arrêter le temps pour s’attarder sur d’infimes morceaux de vie, d’innocents instants de complicité.
Rien que des petits riens qui font un tout grandiose. Un tourne-disque balance le « Fever » de Peggy Lee, des esquisses de qi gong glissent dans de tendres luttes à bras-le-corps, de fines planches de bois s’effleurent dans des bruits de mer ou s’imbriquent dans de frêles châteaux de cartes. Epuré mais jamais austère, Yosh est inracontable.
Comme un haïku, la pièce laisse les images en suspens. Comme un origami, il prend toute sa splendeur dans de copieux pliages et dépliages, souvenirs du passé imbriqués dans un instantané de geisha, histoires de tatouages mêlées à de soudaines prises de judo, parfums nippons enchevêtrés à l’accent bruxellois. Comme un haïku, la pièce laisse les images en suspens.
Le récit commence par les mots et se propage dans les corps. La douceur guide ce trio d’une humilité lumineuse, soudé par bien plus qu’une vision artistique.
Formidable porte ouverte à la danse contemporaine, yosh devrait faire naître quelques vocations. On lance donc une supplique aux programmateurs et aux écoles : osez yosh ! La démarche peut paraître pointue mais le résultat est plus revivifiant qu’un cerisier du Japon au printemps..
Catherine Makereel, Le Soir, mardi 20 août 2013.



© Nicolas Bomal

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