Nouvelle fournée de créations passionnantes à Huy. Parmi elles, « yosh » du Théâtre de l’E.V.N.I fait le buzz avec de la danse contemporaine d’une délicatesse folle.
Il y a les compagnies qui, à force de traquer l’audace,
en oublient les enfants en chemin. Des spectacles dont les efforts d’originalité
sont tellement apparents qu’ils nous laissent froids. Et puis, il y a les
artistes qui osent simplement rester fidèles à leur univers singulier, qui font
toute confiance à leur personnalité, à leur instinct. Bien souvent, c’est sur
cette authenticité que finit par trébucher l’audace.
Cas d’école en matière de génie naturel, yosh (dès 8 ans) du Théâtre de l’E.V.N.I est la perle indépassable de
cette première moitié des Rencontres. Fujio Ishimaru, entouré de Colin Jolet et
Elsa Debefve, déploie une danse d’une délicatesse folle, qui semble arrêter le
temps pour s’attarder sur d’infimes morceaux de vie, d’innocents instants de
complicité.
Rien que des petits riens qui font un tout
grandiose. Un tourne-disque balance le « Fever » de Peggy Lee, des esquisses de
qi gong glissent dans de tendres luttes à bras-le-corps, de fines planches de
bois s’effleurent dans des bruits de mer ou s’imbriquent dans de frêles châteaux de cartes.
Epuré mais jamais austère, Yosh est
inracontable.
Comme un haïku, la pièce laisse les images en
suspens. Comme un origami, il prend toute
sa splendeur dans de copieux pliages et dépliages, souvenirs du passé imbriqués
dans un instantané de geisha, histoires de tatouages mêlées à de soudaines prises
de judo, parfums nippons enchevêtrés à l’accent bruxellois. Comme un haïku, la pièce
laisse les images en suspens.
Le récit commence par les mots et se propage dans
les corps. La douceur guide ce trio d’une humilité lumineuse, soudé par bien
plus qu’une vision artistique.
Formidable porte ouverte à la danse
contemporaine, yosh devrait faire naître quelques vocations. On lance
donc une supplique aux programmateurs et aux écoles : osez yosh ! La démarche peut paraître pointue mais le résultat est plus
revivifiant qu’un cerisier du Japon au printemps..
Catherine Makereel, Le Soir, mardi
20 août 2013.
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